Comment évalue-t-on le niveau de dépendance d’une personne âgée
Comment évalue-t-on le niveau de dépendance d’une personne âgée
par Gwenaël Leroux
Le 4 novembre 2021
Il existe en France un instrument officiel d’évaluation du niveau de dépendance d’une personne âgée : la grille AGGIR.
AGGIR, c’est l’acronyme d’Autonomie Gérontologie Groupe Iso-Ressources.
Apparue dans les années 90, la grille AGGIR s’est rapidement imposée comme l’outil national de référence utilisé par les organismes de service public pour déterminer le niveau d’aide à allouer à une personne âgée.
Bon à savoir
La création d’un tel système de mesure n’est pas propre à la gérontologie. C’est un procédé qui a été développé initialement dans le secteur sanitaire dans le but de disposer de méthodes rationnelles de gestion financière.
A l’aide d'algorithmes, on classe les individus dans des groupes dits homogènes parce qu’ils nécessitent des ressources ou qu’ils génèrent des coûts similaires. C’est la raison pour laquelle on parle de Groupes Iso-Ressources - les fameux GIR. L’objectif de ces regroupements de patients est donc de mettre automatiquement en correspondance telles ressources à tels besoins de santé. C’est ce même principe qui prévaut avec la grille AGGIR.
Points de repère
Cette grille distingue 6 niveaux de besoin d’aide d’une personne âgée, autrement-dit 6 GIR.
Le niveau de besoin le plus faible correspond au GIR 6, puis augmente progressivement jusqu’au niveau de besoin d’aide maximal avec le GIR 1.
Les personnes sont considérées comme dépendantes à partir du GIR 4 (dépendance partielle) - le GIR 1 représentant le plus haut niveau de dépendance (dépendance totale).
Cette reconnaissance est importante d’un point de vue administratif car elle ouvre droit à l’APA (Allocation personnalisée d'autonomie) qui constitue l’aide financière de base pour les personnes âgées dépendantes, comme la PCH (Prestation de compensation du handicap) l’est avant 60 ans aux personnes en situation de handicap.
En dessous de ce seuil - autrement dit les GIR 5 et 6 - les personnes ne sont pas considérées comme dépendantes. Elles ne peuvent donc pas prétendre à l’APA. Néanmoins, ces deux GIR ouvrent droit à des aides des caisses de retraites (PAP, ARDH, ASIR) et du département en matière d’aide sociale (Aide-ménagère à domicile).
Quand on parle de personnes âgées dépendantes en France, on parle donc des personnes allocataires de l’APA ayant fait l'objet d’une évaluation préalable en GIR 4, 3, 2 ou 1.
Cela représente 1,3 million de personnes de 60 ans ou plus, soit 7,6% de cette tranche d’âge (CNSA, Les chiffres clés de l’aide à l’autonomie 2021).
Comment la dépendance est-elle mesurée ?
On considère que la personne est dépendante quand elle ne peut plus réaliser seule, sans aide extérieure, les actes essentiels de la vie ou requiert une surveillance régulière.
La nature des actes essentiels pris en référence dans la grille AGGIR est un point important car cela témoigne de la vision culturelle de ce qu’une société considère comme essentiel à la vie pour une personne âgée. En l'occurrence, tout ce qui renvoie à l’accomplissement de ses rôles sociaux ou à des activités sources d’épanouissement ne font pas partie des dimensions prises en compte dans le calcul du GIR. On regarde ce qu’il en est, mais on ne les prend pas en compte dans le girage à proprement parler.
Seules ce que l’on appelle les variables discriminantes de la vie courante sont intégrées au calcul et donc financées. Celles-ci sont au nombre de 10 (cohérence/communication, orientation, toilette, habillage, alimentation, élimination, transferts, déplacements intérieurs et déplacements extérieurs, communication à distance).
Qui effectue l’évaluation ?
L’évaluation du niveau de dépendance via la grille AGGIR est toujours réalisée dans l’environnement de vie habituel des personnes. Des professionnels dédiés se déplacent donc au domicile des demandeurs. Il peut s’agir :
- d'une équipe médico-sociale APA du département (structures agréées à l’évaluation) dans le cas d’une demande APA,
- des évaluateurs des caisses de retraite dans le cadre de leurs actions de prévention de la perte d’autonomie,
- d’un médecin coordonnateur en EHPAD (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes).
Détails des différents GIR
- GIR 6 : La personne est considérée comme encore autonome pour les actes discriminants de la vie courante, mais peut présenter des besoins ponctuels pour les activités domestiques.
- GIR 5 : La personne est autonome à l’intérieur du logement (assure seule ses déplacements, s’alimente et s’habille seule), mais elle nécessite une aide ponctuelle pour la toilette, la préparation des repas et l’entretien de la maison.
- GIR 4 : Dépendance corporelle partielle (difficultés pour les transferts - se lever, se coucher - ou besoin d’aide pour les activités corporelles ainsi que les repas)
- GIR 3 : Dépendance corporelle (la personne conserve une autonomie mentale, mais les fonctions locomotrices sont partiellement altérées).
- GIR 2 : Grande dépendance (altérations locomotrices sévères - confinement au lit/fauteuil - OU altération des fonctions mentales).
- GIR 1 : Dépendance totale, mentale et corporelle nécessitant une aide continue (confinement au lit/fauteuil ET fonctions intellectuelles gravement altérées).
Plus d’informations sur le site officiel “pour-les-personnes-agees.gouv.fr”. Pour accéder directement à la page dédiée, cliquez ici.
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